« Rodin » : Doillon laisse de marbre.

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Présenté en compétition ce mercredi, Jacques Doillon assomme la Croisette et le public français avec ce film ronflant sur l’artiste Auguste Rodin, porté par un Vincent Lindon râlant constamment sous sa barbe.

La mode semble être à l’anti-biopic dans le cinéma d’auteur. Ou, du moins, à l’encontre des conventions d’un genre rébarbatif. Pablo Larrain a signé deux magnifiques portraits sur l’artiste Pablo Neruda et la figure Jackie Kennedy en début d’année. Deux films travaillant esthétiquement et soigneusement les notions englobant une personnalité. La notion d’artiste et ce qu’elle façonne dans l’imaginaire collectif, la notion de vie privée et de vie publique avec l’image que l’on est censé renvoyé en contradiction avec celle que l’on peut avoir loin des caméras. « Jackie » réfléchit à ses idées avec sa caméra, on pense notamment à cette incrustation numérique d’une Jackie Kennedy faussée, car jouée par Natalie Portman, dans une vidéo d’archive célèbre où la véritable Jackie devait se donner une image élégante en faisant visiter la Maison Blanche. Ce jeu artificiel auquel elle devait se prêter se radicalise à l’écran par l’ajout d’une actrice jouant quelqu’un devant être faux. Voilà une seule idée parmi tant d’autres de cinéma qu’on ne retrouve en aucun cas chez Jacques Doillon.

« Rodin » ne présente vraisemblablement aucun signe de cinéma à un point où nous nous demandons ce qu’il faisait au sein du Festival de Cannes. Doillon part en roue libre total et ne semble en aucun cas avoir réellement conscience de ce qu’il filme, si ce n’est qu’un simulacre de théâtre filmé. Dans une photographie assombrie, peu attrayante à ce que nous voyons, on a réellement l’impression d’être plongée dans une salle de théâtre où rien ne se passe si ce n’est deux-trois acteurs cabotinant tout en moulant des sculptures. Doillon démarre ce faux-biopic en présentant plusieurs points n’amenant jamais à rien : Une réflexion sur le désir du corps mêlé à celui de créer, Rodin prenant du plaisir à créer tout en observant les muses/modèles qui l’influencent. Un parti-pris intéressant pour étudier l’exercice de la création rompu par les ellipses de Doillon, en fondu enchaîné tel un rideau, qui ne laissent jamais le spectateur prendre le temps de s’attarder à chaque événement. Cela pour montrer une vie traversée d’ennuis professionnels certainement, mais avait-il réellement le besoin de prendre deux heures de Téléfilm pour raconter une telle évidence ? Probablement pas…

Victor Van De Kadsye

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